HABIOS 2016-2019 : Préserver et gérer les habitats de l’avifaune bio-indicatrice des Pyrénées
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Les Pyrénées sont couvertes de milieux naturels qui concentrent une grande partie de la biodiversité du Massif : les forêts, les landes et les pelouses d’altitudes.
Ces milieux constituent les habitats de plusieurs espèces d’oiseaux emblématiques à forte valeur patrimoniale :
- Les forêts constituent l’habitat d’espèces « parapluies » comme le Grand tétras, d’espèces “ingénieurs” comme les pics ou d’espèces en situation de refuge biogéographique comme la Chouette de Tengmalm.
- Dans les landes et les prairies nous retrouvons la Perdrix grise des Pyrénées et les milieux alpins accueillent l’une des populations les plus méridionales de Lagopède alpin.
Toutes ces espèces, communes aux 3 pays des Pyrénées, constituent un bon indicateur quantitatif et qualitatif de l’état de conservation de ces habitats naturels et ont de telles exigences écologiques que l’on peut affirmer qu’assurer leur conservation revient à assurer celles des cortèges d’espèces associées, mais aussi la fonctionnalité de ces milieux (production de bois, pastoralisme, chasse, tourisme, etc).
Dans un contexte de changement global, qu’il s’agisse de modifications climatiques ou de modifications de l’usage des sols entrainant un accroissement des pressions anthropiques, il est important de focaliser les efforts sur la préservation de la biodiversité. Pour cela il est fondamental de travailler conjointement sur les deux versants de la chaîne et tout le long de son axe Est-Ouest. Pour toutes ces raisons il convient donc de définir et de mettre en œuvre des stratégies partagées de gestion et de protection en faisant en sorte, compte tenu de la transversalité du projet, de couvrir un maximum de la chaîne pyrénéenne.
En ce sens, HABIOS a pour principal objectif de protéger et d’améliorer la qualité des écosystèmes pyrénéens et la biodiversité associée grâce à la mise en œuvre d’actions de conservation d’espèces bio-indicatrices, d’actions d’amélioration de la connaissance sur l’abondance de ces espèces et de gestion de leurs habitats afin de concourir à l’émergence de stratégies d’actions transfrontalières communes en leur faveur, et ceci en concertation avec les acteurs locaux.
Objectifs
Le projet HABIOS propose deux grands volets d’actions : Connaissance et Gestion.
- En ce qui concerne les actions sur la connaissance :
- HABIOS vise d’abord à actualiser, compiler et capitaliser les connaissances et les méthodes qui, jusqu’à présent, étaient très dispersées et peu uniformes quant aux espèces ciblées par le projet. L’enjeu principal est ici de pouvoir établir des méthodologies homogènes et comparables de chaque côté de la frontière.
- Le projet vise d’autre part à augmenter la connaissance des espèces à travers des modélisations à différentes échelles de leur distribution et de la qualité de leurs habitats dans le but de disposer d’outils et d’informations pertinentes qui permettent l’intégration de l’information disponible dans des systèmes transversaux d’aide à la décision.
- Enfin, le projet a pour objectif d’utiliser des technologies innovantes afin de disposer de connaissances fines et détaillées sur le comportement des espèces cibles et de la faune associée (GPS embarqués, bioacoustique, pièges photographiques). Ceci est un important vecteur de valeur ajoutée dans la mesure où jusqu’à présent il existe peu d’études utilisant ces technologies sur ce type de faune ; technologies qui pourront générer de nouvelles connaissances très utiles aux gestionnaires de ces habitats naturels.
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Poule de grand tétras munie de sa balise GPS portée en sac à dos. |
Capteur Bioacoustique, RSM4, Wildlife Acoustics, 2009 |
- Les actions de gestion seront, quant à elles, abordées selon différents aspects :
- En premier lieu par l’élaboration de recommandations de gestion favorables aux pics et aux chouettes (dans la mesure où les recommandations de gestion favorables au grand Tétras et aux perdrix grises ont été élaborées dans le cadre d‘un précédent projet (EFA81/08 GALLIPYR)) et par l’élaboration de matériels de divulgation pratiques et transférables aux autres territoires et aux différents gestionnaires.
- Ensuite, pour les territoires du projet, il a également été souligné la nécessité d’une meilleure structuration des outils et opérateurs qui réalisent des travaux de restauration ou d’amélioration des habitats de ces espèces. Pour cela des interventions sur des parcelles seront réalisées des deux côtés de la frontière afin d’expérimenter et de valoriser un maximum d’outils pouvant être appliqués postérieurement par les gestionnaires de ces espèces.
- Par ailleurs, l’évaluation de ces interventions est un autre aspect particulièrement important pour l’ensemble des territoires pyrénéens du projet. Il est nécessaire d’apporter des éléments tangibles permettant d’évaluer l’incidence des travaux réalisés sur les habitats et leur biodiversité associée.
- Enfin, il a été mis en avant que l’une des causes de mortalité les plus importantes de ces espèces reste la collision avec les clôtures (notamment celles liées à l’activité pastorale) et les câbles des remontées mécaniques. HABIOS traitera donc ce thème pour trouver des solutions de visualisation efficaces en collaboration avec les acteurs des territoires impliqués.
Le projet HABIOS a été cofinancé à hauteur de 65 % par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) dans le cadre du Programme Interreg V-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2014-2020). L’objectif du POCTEFA est de renforcer l’intégration économique et sociale de l’espace frontalier Espagne-France-Andorre. Son aide est concentrée sur le développement d’activités économiques, sociales et environnementales transfrontalières par le biais de stratégies conjointes qui favorisent le développement durable du territoire.
Seize partenaires sont impliqués dans la réalisation du projet Habios :
- Gestión Ambiental de Navarra, S.A (Chef de file du projet HABIOS)
- Observatoire des Galliformes de Montagne
- Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
- Fédération Régionale des Chasseurs de Midi-Pyrénées
- Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques
- Fédération Départementale des Chasseurs des Hautes-Pyrénées
- Fédération Départementale des Chasseurs de Haute-Garonne
- Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ariège
- Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales
- Diputación General de Aragón - Departamento de Desarrollo Rural y Sostenibilidad - Dirección General de Sostenibilidad
- Conselh Generau d’Aran
- Consorci Centre Tecnològic Forestal de Catalunya
- Fundación Hazi Fundazioa
- Office National des Forêts
- Association des Naturalistes de l’Ariège - Conservatoire des Espaces Naturels de l’Ariège
- Ligue Pour la Protection des Oiseaux – Association Locale Aquitaine
Rôle et actions de l’ONCFS dans le projet HABIOS 2016-2019
L’ONCFS est impliqué dans toutes les actions menées dans le projet HABIOS, en tant que partenaire actif ou en tant que consultant auprès des autres partenaires pour son expertise sur les galliformes.
L’ONCFS est plus particulièrement coordinateur de deux actions :
Action - Suivi d’oiseaux à l’aide de nouvelles technologies :
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Auguste, le premier coq équipé d’une balise GPS dans le cadre du projet Habios. |
Repérage des balise par ondes UHF, afin de télécharger les localisations |
Le grand tétras et la perdrix grise des Pyrénées (deux espèces bio-indicatrices) sont deux espèces si discrètes que l’observation directe de leur comportement est quasi impossible, ou alors extrêmement dispendieuse en temps. La collecte d’indices comme moyen indirect de révéler leur comportement spatial est également coûteux en temps et présente des biais méthodologiques qui compliquent souvent l’interprétation des résultats. Il en va de même pour les pics et la chouette de Tengmalm dont la présence peut être liée et servir d’indicateur de maturation des forêts avec la densité de bois mort, la présence de micro-habitats…
Le recours à certaines technologies sophistiquées permettrait d’acquérir des connaissances fines du comportement de réponse des espèces cibles et de la faune associée (grands herbivores, prédateurs des galliformes, petits mammifères, biodiversité générale...). Parmi celles-ci, le suivi d’un échantillon d’individu par GPS embarqués, le suivi par piège photographique automatique et par des enregistrements de bioacoustiques sont désormais envisageables. Il existe actuellement peu d’études qui aient utilisé ces technologies sur des espèces comme celles proposées dans le projet HABIOS, il est très probable que l’apport en connaissances nouvelles qui en résultera sera de nature à communiquer de façon convaincante envers les gestionnaires des habitats naturels concernés.
L’ONCFS développera ces actions sur son territoire d’étude de la RNCFS d’Orlu (09) et au sein du domaine skiable de Luchon-Superbagnères (31).

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L’action de suivi avec de nouvelles technologies a pour but d’acquérir des données précises sur le comportement, la saisonnalité dans l’utilisation fine des habitats pour ces oiseaux bio-indicateurs dans le cadre de leur cycle annuel, ainsi que leur réponse aux mesures de conservation qui ont été mises en place. Il permettra également de mettre en évidence une amélioration ou non de l’état de la biodiversité dans les zones où ont déjà été appliqués par exemple des travaux d’amélioration de l’habitat. Les résultats et les connaissances scientifiques et techniques acquises dans cette action permettront d’alimenter l’évaluation des actions de conservation et de gestion qui sera présenté dans le prochain groupe de tâches.
Il s’agira ainsi de développer les connaissances et les outils technologiques avancés sur les méthodes de suivi à distance et les déplacements des oiseaux bio indicateurs ; principalement par le biais de balises GPS embarquées. L’équipement d’un certain nombre d’individus avec les dispositifs permettra d’étudier l’utilisation fine de l’espace tout au long du cycle annuel et la façon dont les espèces suivies utilisent les espaces ayant fait l‘objet de mesures de génie écologiques.
Il s’agit également de développer des outils qui permettent l’analyse in situ (via la capture photographique automatique) l’utilisation de l’espace par les espèces et de la faune en général.
- Enfin un suivi novateur développé en partenariat avec l’Université de Saint-Etienne sera utilisé pour évaluer, à travers la bioacoustique, de quelle manière le niveau de la biodiversité globale, sur des parcelles pilotes où ont été menés les travaux d’amélioration, a été enrichi par rapport à d’autres espaces comparables.
Action – Mise en œuvre de protocoles d’évaluation des actions de gestion/conservation :
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Mosaïque créée par débroussaillage en faveur des nichées du grand tétras dans une lande fermée à rhododendron. Crédit : Emmanuel Ménoni/ONCFS |
Clairière créée par abatage dans une hêtraie dense pour favoriser la myrtille : résultat au bout de 10 ans. |
L’ensemble des partenaires disposent de compétences et d’expériences concernant le suivi de bio-indicateurs permettant l’évaluation multifactorielle de l’efficience des actions menées. Il s’agira donc de déterminer quels outils et protocoles peuvent être judicieusement choisis et mis en œuvre dans l’optique de définir un protocole d’évaluation commun standardisé.
Ce programme devra permettre de déterminer la réponse fonctionnelle des habitats et de leur biodiversité ainsi que les effets sur les populations d’oiseaux (réponses comportementales, restauration de la diversité génétique, technique de restauration de population).
Cette action va nous permettre d’obtenir des données précises permettant de mesurer l’efficacité des mesures conservatoires mises en œuvre, tant au niveau des habitats que des populations.
Sur des sites ayant bénéficié de travaux d’amélioration d’habitats, il s’agira d’identifier la réponse des oiseaux bio-indicateurs, ainsi que la réponse fonctionnelle des habitats et de leur biodiversité aux aménagements réalisés ; Pour les espèces ayant fait l’objet de translocation d’individus (lagopède alpin), il s’agira d’évaluer les améliorations apportées aux populations ciblées par ces opérations.
Ces objectifs généraux seront atteints à travers :
- Le développement et/ou consolidation d’un ensemble de protocoles et d’outils opérationnels répondant à l’objectif d’évaluation des travaux d’amélioration des habitats et les mettre en œuvre sur des zones pilotes.
- En parallèle, l’action de suivi avec de nouvelles technologies développera des connaissances et des outils opérationnels qui permettront de réaliser un suivi comportemental des oiseaux bio-indicateurs du point de vue de l’utilisation fine des habitats au cours de leur cycle annuel. Les expérimentations de cette action seront menées en parallèle sur des sites choisis pour l’évaluation des actions de gestion/conservation, il conviendra donc (en cas de résultats probants) d’intégrer les données recueillies à l’évaluation des sites.
Ce projet est cofinancé par le Fonds Européen de Développement Regional (FEDER) |